Autrefois, quand on disait « c’est une seringue de Pravaz », tout le monde (les médecins, les infirmières, les externes) savait de quoi il s’agissait. Maintenant, et nous le constatons tous les jours au Musée d’Histoire de la Médecine de Lyon où nous travaillons tous les deux, aucun membre du personnel soignant ne connaît la seringue de Pravaz ! C’est étrange et nous n’avons pas de réponse à cet abandon.
C’est nous qui avons proposé à Bruno Chavagnac le titre de cette communication et c’est un peu de la provocation car il est bien évident que Pravaz n’a pas du tout inventé la seringue ; cependant, c’est à partir de ses essais de traitement des anévrysmes artériels que l’utilisation de la seringue se développa.
L’histoire de la seringue est une histoire compliquée, surtout à partir du XIXe siècle où plusieurs praticiens inventèrent presque en méme temps des moyens pour introduire des drogues dans l’organisme autrement que par les voies naturelles et le rôle des anesthésistes est dominant.
La seringue a été inventée dans l’Antiquité , elle a connu des heures de gloire avec le clystère, mais elle devient vraiment un instrument
d’injection à partir de la découverte des alcaloïdes (la morphine en premier lieu). Les étapes se succèdent jusque vers les années 1850 avec Wood et Pravaz , mais les perfectionnements font la deuxième partie de cet exposé.
Une seringue a donc été imaginée par Charles-Gabriel Pravaz puis modifiée par son fils Charles. A partir de ces prototypes, une seringue appelée dans tous les catalogues « seringue de Pravaz » a été fabriquée par divers ateliers et a été utilisée jusque dans les années 1890.
Les travaux de Pasteur et de Lister ont amené les fabricants a créer de nouveaux modèles pour répondre aux exigences de la stérilisation. C’est ainsi qu’apparaît la « seringue de Roux » puis la seringue de Luà« r qui était tout en verre. Les allemands, de leur côté, créèrent la « seringue Record » avec un corps en verre mais un piston métallique. Victor Pauchet s’est inspiré de la seringue Record pour créer la sienne, qu’il destinait aux anesthésies loco-régionales.
C’est une société lyonnaise, la Société Sedat qui a été la première, dans les années 1950, à fabriquer des seringues en matière plastiques, c’est la « seringue Kigliss ».
La seringue qui est maintenant la plus utilisée est la seringue à usage unique.