mise en ligne : lundi 24 mars 2008
Parmi les thérapeutiques utilisées dans lâ ??Antiquité, lâ ??analgésie tient une place certaine, probablement parce que la douleur était au premier plan de la symptomatologie [1]. En 50 après Jésus Christ, lâ ??auteur romain Pline lâ ??Ancien entreprend la rédaction de son Histoire Naturelle, recueil exhaustif de lâ ??ensemble des connaissances de lâ ??époque. Le but de notre travail est dâ ??analyser les techniques dâ ??analgésie décrite par Pline lâ ??Ancien dans les livres XXIV à XXVIII de lâ ??Histoire Naturelle, consacrés à la médecine. Ces cinq livres sâ ??intéressent à la description des remèdes tirés des trois " règnes " : végétal (plantes, arbres), animal (et humain) et enfin minéral. Lâ ??étude a été réalisée à partir de lâ ??édition traduite en français par A. Ernout [2]. Les références données sont celles de cette édition.
Parmi les thérapeutiques utilisées dans l’Antiquité, l’analgésie tient une place certaine, probablement parce que la douleur était au premier plan de la symptomatologie [1]. En 50 après Jésus Christ, l’auteur romain Pline l’Ancien entreprend la rédaction de son Histoire Naturelle, recueil exhaustif de l’ensemble des connaissances de l’époque. Le but de notre travail est d’analyser les techniques d’analgésie décrite par Pline l’Ancien dans les livres XXIV à XXVIII de l’Histoire Naturelle, consacrés à la médecine. Ces cinq livres s’intéressent à la description des remèdes tirés des trois " règnes " : végétal (plantes, arbres), animal (et humain) et enfin minéral. L’étude a été réalisée à partir de l’édition traduite en français par A. Ernout [2]. Les références données sont celles de cette édition.
L’utilisation des plantes tenait une place majeure dans les thérapeutiques antiques. L’auteur décrit les propriétés analgésiques de très nombreux arbres ou arbustes. Le fresne et l’érable soulage les douleurs du foie. Le peuplier a une " écorce en boisson (? ??) bonne pour la coxalgie (? ??), le suc des feuilles chaud pour les douleurs d’oreilles. " [Livre XXIV, 47]. Malgré un souci d’une description botanique précise (aspect, forme, couleur, particularités de culture et d’habitat), l’identification de certains végétaux reste délicate parce que cités dans aucun autre texte (" ennéaphyllon [plante à neuf feuilles] très bon pour le lumbago et la sciatique " [Livre XXVII, 77], " alum (? ??) est très bonne pour les douleurs de côté (? ??) en cataplasme pour les luxations et contusions, calme les maux d’intestin. " [Livre XXIV, 41 et 42]). Par ailleurs, on peut retrouver de larges descriptions des propriétés de végétaux dont l’emploi se perpétue dans l’herboristerie moderne : " L’aloès (? ??) en compresse (? ??) calme la céphalalgie " [Livre XXVII, 18], de même que le "polygonum des bois " ; contre les douleurs de poitrine, Pline recommande le " rhécoma " [rhubarbe] et le " smyrnion " est donné " (? ??), avec du crethmos [fenouil de mer], dans du vin, contre la sciatique. " [Livre XXVII, 136] .
Certains remèdes peuvent être fournis par l’homme ou par les animaux. Différentes parties du corps humains et leurs sécrétions sont décrites comme analgésiques : " (? ??) l’usage du lait de femme (? ??) est extrêmement efficace
dans (? ??) le mal céliaque (? ??) ainsi que sur les yeux douloureux? ?? " [Livre XXVIII, 72]. La sueur présente de grandes vertus médicinales (douleurs nerveuses [Livre XXVIII, 50]) et plus encore " les raclures récoltées après le bain " [Livre XXVIII, 50]. Le sang menstruel " réduit en poudre et additionné de suie et de cire (? ??) mélangé à de l’huile de rosat et étendue sur le front, calme les maux de tête " [Livre XXVIII, 85]. Enfin, il faut noter l’intérêt porté à la lutte contre les céphalées par l’application locale d’extraits animaux (éléphant et hyène) [Livre XXVIII, 88 et 94].
Certaines descriptions font appel à des explications physiopathologiques des effets analgésiques. Ainsi, on peut comprendre que l’application locale de la résine du cèdre puisse atténuer les douleurs dentaires quant " ? ??elle brise les dents et les expulse? ??" [Livre XXIV, 17]. En revanche, d’autres propriétés analgésiques semblent plus être des superstitions relevant du folklore que du rationnel scientifique. En effet, Pline l’Ancien rappelle au lecteur les vertus magiques de certaines plantes et les précautions qu’il faut prendre, les formules qu’il faut réciter pour les rendre efficaces : "La première dent qui tombe à un enfant, pourvu qu’elle n’ait pas touché terre, enchâssée dans un bracelet et portée continuellement au bras, préserve des douleurs de la matrice " [Livre XXVIII, 41]. Bien que critiquées par l’auteur, certaines pratiques sont néanmoins citées pour leurs vertus analgésiques : "? ??en suspendant les lits dont le balancement devait ou atténuer le mal ou provoquer le sommeil? ??" [Livre XXVI, 14].
Dans cet ouvrage, peu de données existent sur les techniques d’anesthésie. Différents procédés permettent d’induire un état de sommeil plus ou moins complet mais sans jamais, dans cet ouvrage, avoir une finalité chirurgicale. Le balancement des lits [Livre XXVI, 14] tout comme " le lièvre pris comme aliment provoque le sommeil " [Livre XXVIII, 260]. De même, la queue du caméléon [Livre XXVIII, 118] et le " fiel de chèvre (? ??) provoque le sommeil. " [Livre XXVIII, 260]. Enfin, le " ladanum (laudanum ?) est d’une odeur forte (? ??) a la propriété (? ??) de provoquer le sommeil " [Livre XXVI, 48].
Au sein de ce vaste recueil de vulgarisation des connaissances médicales, Pline l’Ancien laisse finalement une grande place aux techniques d’analgésie. En effet, le traitement de la douleur (fréquemment au premier plan de la symptomatologie) apparaît ici un objectif important de la thérapeutique dans la Rome Antique. L’efficacité réelle est cependant difficile à apprécier. Néanmoins, à côté de prescriptions bizarres tenant plus du rîte et de l’imaginaire, l’auteur rapporte des éléments de la thérapeutique " classique ".
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