Il s’agit d’une ’cheek piece’ aussi appelée ’Marston ’s terminal’.
Ces cheek piece s’utilisaient en paire et étaient destinées à maintenir une anesthésie générale pour les interventions dentaires et/ou intra-buccales. Une fois placées sur la joue du patient, elles restaient en place sans autre fixation qu’une bandelette élastique postérieure. Deux entrées de gaz sont possibles de chaque côté ce qui permet, selon Marston , de mixer plusieurs agents anesthésiques (fig. 1 et 2).
Robert Marston (1853 - 1925) était un dentiste de Leicester, fils d’un pharmacien. Esprit inventif, il s’intéressait à pas mal de choses : les dents en céramique, un four pour usiner les dents en céramique mais également aux systèmes de signalisation pour les trains, aux instruments pour fabriquer les chaussures, en fait, à tout ce qui l’amusait. Mais c’est par l’anesthésie qu’il acquit sa plus grande notoriété. Marston était très soucieux de la sécurité en anesthésie et très vite, il développa son propre appareil, basé sur le principe du Clover bag. Il développa un appareil capable de délivrer des concentrations connues de chloroforme. Le chloroforme liquide était contenu dans un réservoir métallique et mis au contact de l’air, ce qui donnait un mélange très concentré en vapeur de chloroforme, mélange qui était ensuite dilué par une arrivée d’air (via un système venturi) qui permettait de délivrer un mélange à concentration connue de chloroforme. Le 1er modèle d’appareil était assez encombrant (fig. 3) mais Marston en conçut une version portable qui fut utilisée à Leicestershire jusqu’en 19392. Le grand volume du mélange permettait une anesthésie continue de plus d’une heure.
Marston était connu pour étre très direct et méme un tant soit peu acariâtre. Cela lui valut pas mal d’inimitiés à Leicester.
En effet, pendant 25 ans, il milita contre le souhait des autorités de l’époque de réserver l’anesthésie à des spécialistes. Il se bagarra notamment avec Sir Frederick HEWITT et Dudley BUXTON.
Marston prétendait que c’était mieux que deux dentistes s’occupent du patient, un qui donnait l’anesthésie et l’autre qui effectuait l’intervention buccale.
Marston avait quatre fils qui sont tous devenus dentistes et ont collaboré, tour à tour, avec leur père.
En ce temps-là , il semble qu’il y ait eu des rivalités entre praticiens à Leicester.
Les 11, 12 et 13 juin 1912, Marston eut à se défendre devant le juge pour une plainte pour inhalation d’une dent qu’avait déposée le compagnon d’une patiente, Miss Ethel May Geary, 25 ans qui développa une pneumonie suivie d’un abcès pulmonaire. Les dentistes du Leicester Royal Infirmary témoignèrent contre lui tandis que ceux du Leicester Royal Hospital le soutenaient. En 1ère instance, Robert Marston perdit son procès, mais dans les jours suivants, il fit, à pied, 32 miles pour aller déposer en mains propres, sa lettre d’introduction d’un appel. Cet appel fut jugé l’année suivante et Marston le gagna, mais comme, entretemps, le procès avait coà »té £11.000 (près de £400.000 actuelles), il fut forcé de remettre son commerce d’appareils et de fabrication de protoxyde d’azote.