Résumé
Né dans le laboratoire du Dr Laborit en 1960, le quatre hydroxybutyrate de sodium (GHB), Gamma OH de son nom de spécialité, est né aux marges de la recherche sur les aspartates.
A l’époque unique représentant d’une classe thérapeutique sans étiquette, retrouvé peu après comme métabolite physiologique du système nerveux central, impliqué dans le circuit métabolique du GABA sans en étre un précurseur direct, son statut est, à tous égards, mal défini. Il peine à trouver une place dans l’arsenal anesthésiologique malgré des propriétés intéressantes grevées d’inconvénients pratiques : réveil franc et total mais de délai peu prévisible et endormissement lent, narcose confortable mais nécessitant analgésie et protection, atoxicité (réponse ventilatoire au CO2 maintenue, métabolisé en CO2 et H2O) mais contrôle indispensable de l’équilibre potassique.
La clinique para-anesthésiologique laisse cette situation incertaine : hypotonisant musculaire il facilite l’adaptation au respirateur sans procurer la commodité paralysante des curares, concurrent cliniquement efficace du Penthotal pour la protection cérébrale (anti-oedème cérébral et piégeur de radicaux libres chez l’animal) il ne suscite aucune étude comparative qui définisse objectivement son domaine d’emploi, hypothermisant et inducteur d’une épargne protidique, il apparaît alors que l’hibernation artificielle n’est plus de mise et que l’alimentation entérale et parentérale entre dans la pratique clinique.
Apport incontesté à l’anesthésie des césariennes, créateur, sous-utilisé, d’un confort de l’anesthésie locale et loco-régionale, élément dépassé de l’anesthésie en hôpital de jour, le GHB, peu soutenu par le laboratoire pharmaceutique qui le commercialisait €” à bas prix €” sans en détenir le brevet, qui craignait d’éventuelles crises convulsives et qui redoutait une consommation abusive, s’efface lentement de la scène opératoire après un succès d’estime et de curiosité.
Quarante ans après sa découverte, une revue des publications de la dernière décennie amène à confirmer le rôle physiologique de ce métabolite auquel est supposé un récepteur spécifique, à en préciser les données pharmacologiques, en particulier la création d’un modèle d’absences épileptiques chez l’animal, à s’étonner de la surprise des urgentistes anglo-saxons devant les conséquences parfois
mortelles de sa manipulation sauvage par des culturistes (inducteur d’hormone de croissance) et €” promue sur Internet €” par des toxicomanes ; elle conduit, en conclusion, à en rappeler l’intérét clinique, comme un auxiliaire de réanimation plus que d’anesthésie.