Découverte
La découverte de l’oxygène est l’aboutissement de la chimie pneumatique qui occupa les chimistes de la deuxième moitié du XVIIème siècle. Elle avait été facilitée par un instrument, la cuve pneumatique à eau puis à mercure surmontée d’une cloche dans laquelle on recueillait des gaz pour les analyser et dans laquelle également on examinait la survie des plantes et des petits animaux et l’entretien de la flamme d’une bougie.
Un autre préalable fut la théorie du phlogistique ou matière du feu de Stahl qui s’échappait des corps en combustion. Théorie qui domina tout le XVIIIème siècle et que Lavoisier inversa en quelque sorte en conférant à l’oxygène de l’atmosphère le rôle de comburant.
Trois savants découvrirent presque simultanément l’oxygène et par la méme méthode, c’est-à -dire par le chauffage de l’oxyde de mercure :
Oxyde de Mercure + chauffage = O2 + Mercure
– Scheel, en Suède, à partir de 1771-1772. Il lui donna le nom de « air du feu ».
– Priestley, en Angleterre, en 1774. Il lui donna le nom d’air déphlogistiqué après l’avoir appelé air vital, air respirable.
– et Lavoisier en 1775.
Ce dernier reprit les expériences des deux précédents, trouva les méme résultats mais graduellement se dégagea de la théorie du phlogistique et comprit que cet air éminemment respirable, qui entretenait la flamme des bougies et la vie des animaux, était le méme qui oxydait les métaux, oxydait les métalloïdes et les transformait en acides. Il lui donna donc quelques années plus tard le nom d’oxygin, qu’on modifia par la suite en oxygène. Il démontra que la méme réaction chimique impliquée dans la combustion du carbone, qui dégageait de l’acide carbonique et produisait de la chaleur était à la base de la respiration, consommant de l’oxygène, dégageant du gaz carbonique et produisant la chaleur animale.
Applications en anesthésie et réanimation
En 1785, le médecin François Chaussier proposa de ranimer les nouveau-nés en état de mort apparente avec cet air vital et il l’administra également à un phtysique en fin de vie. Il ne semble pas que sa méthode fà »t alors entrée dans la routine. L’oxygénothérapie fut plus tard proposée dans le croup.
A l’avènement de l’anesthésie en 1847, plusieurs physiologistes et chimistes (Despretz, Lassaigne, Doyère, Jackson , Duroy) recommandèrent l’oxygène pour rétablir sa proportion normale dans le mélange inhalé appauvri en oxygène par le volume d’éther et aussi pour lutter contre les accidents asphyxiques. Ils ne furent guère suivis par les chirurgiens qui craignaient un effet antagoniste de l’oxygène sur l’anesthésie et surtout trouvaient les ballons trop encombrants.
Le protoxyde d’azote, qui n’est réellement anesthésique que s’il est donné à 100%, faisait courir un danger mortel d’anoxie. Paul Bert démontra l’intérét de l’oxygène aussi bien en anesthésie normobarique qu’hyperbarique (1878-1883). A partir de ce moment, à l’étranger, on mit au point des appareils comportant des obus d’oxygène, d’abord pour le protoxyde d’azote puis pour les anesthésiques volatils. Une proportion suffisante d’oxygène supérieure à 20% ne fut admise que tardivement.
En réanimation, dans les bronchopneumonies des petits enfants, il y eut successivement à partir des années trente, des ballons d’oxygène, puis des tentes, puis des masques. Les couveuses furent alimentées en oxygène. L’oxygénothérapie hyperbare s’imposa dés les années cinquante pour le traitement des comas oxycarbonés, des embolies gazeuses et des gangrènes gazeuses.
La toxicité de l’oxygène, redoutée par les praticiens de 1847 fut démontrée dans la fibroplasie rétrolentale des prématurés.
La mesure de la pression partielle d’oxygène dans les milieux biologiques avec l’électrode de Clark et celle de la saturation de l’hémoglobine sont entrées dans la pratique médicale à partir des années soixante.