La renaissance de l’anesthésie française après 1945 peut se mesurer à travers deux documents écrits en 1950 et en 1958
Organisation de l’anesthésie en France.Problèmes médicolégaux de l’anesthésiologie
Ce premier document est le cours de l’année 1949/1950 donné par Pierre Moulonguet (1890-1981), titulaire de la chaire de technique médicale, dans l’enseignement médical d’anesthésiologie de la Faculté de médecine de Paris . C’était le dernier cours de l’année 1949/1950. Cet enseignement est remplacé l’année suivante par le Certificat d’Etudes Spéciales d’Anesthésiologie (CESA).
Ce document est précieux car il représente l’état des lieux de l’anesthésie en 1950 tant dans la pratique privée que dans la pratique hospitalière. Ainsi Pierre Moulonguet (PM) souligne que :
- le choix de l’anesthésique doit se faire en accord avec le chirurgien ,
- dans la pratique privée : l’anesthésie peut étre pratiquée par tous les médecins et par les non médecins sous la responsabilité du chirurgien ,
- la Sécurité Sociale ne considère que les médecins spécialistes et à des taux de rémunération très faibles.
- il recommande aux médecins de faire une double spécialité Anesthésie et Hémobiologie pour pouvoir vivre de leur métier.
La dernière partie du cours concerne la responsabilité médicolégale de l’anesthésiste.
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Anesthésiologie au sein de la profession médicale. Projet de statut. Rapport de Raymond Deleuze du 13 mai 1958.
Huit ans se sont écoulés et Raymond Deleuze publie le 13 mai 1958, un rapport sur l’état et l’avenir de l’anesthésiologie en France. Ce rapport s’est inspiré des écrits de Jacques Verhaegue, Paul Jaquenoud et Marc Maroger. En 1958, Il existe 800 anesthésistes en France. Une enquéte a été faite sur leur pratique car l’avenir du médecin anesthésiste semble compromis en France si une réorganisation de la profession n’est pas faite en urgence..
Ce rapport comprend trois parties : l’état de la profession en 1958, les définitions et limite de l’anesthésiologie et les solutions proposées.
L’état de la profession est particulièrement bien décrit avec :
- le point de vue des chirurgiens : rareté des anesthésistes, difficultés d’exercice de cette profession, obligation pour l’anesthésiste d’avoir plusieurs chirurgiens, instabilité des anesthésistes qui abandonne leur profession, manque d’anesthésiste en secteur hospitalier, techniques d’anesthésies compliquées faites par les anesthésistes.
- le point de vue de anesthésistes : insécurité matérielle, insuffisance du rendement, dépendance trop grande vis-à -vis des chirurgiens, manque d’intérét si l’on exclue la réanimation, manque d’organisation, notion du temps plein hospitalier.
Les définitions et limites de l’anesthésiologie
Partant de l’arrété de base de 1943 les définitions sont bien décrites mais elles vont plus loin, notamment sur la douleur et surtout sur la réanimation médicale partant du fait que les techniques employées sont les mémes : ventilation artificielle, régulation du milieu intérieur ... Les arguments donnés sont toujours d’actualité.
Les solutions proposées
Elles sont claires : nomenclature séparée des actes, l’anesthésie est un geste médical, rémunération hospitalière, organisation de l’enseignement, organisation dans l’hôpital et dans le privé.
Ces textes devraient étre connus de tous les jeunes anesthésistes car comme dit le dicton : "Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient"