Conférence faite à la 32ème réunion scientifique du CHAR par Jacques Hotton lors de JEPU (CNIT la Défense) le 20 mars 2014.
Résumé de la conférence
De nos jours, depuis que Dr House s’est opéré lui-méme à la jambe dans les années 2000, ce sujet est toujours source de « buzz » sur internet, dans les médias en ligne. On pourra ainsi trouver sur ce thème, deux articles sur le Net en quatre ans, repris , commentés et habillés par différents sites « people », mais repris de publications référencées.
Dans une précédente session du Club (septembre 2014), J.L. Dupré nous a raconté comment Bier , Hildenbrandt et Gromley s’étaient fait réaliser une anesthésie rachidienne afin d’en apprécier personnellement les effets.
Dans l’histoire de la médecine, ce mode d’expérimentation vaut également pour les chirurgiens, mais la satisfaction de leur curiosité nécessite évidemment la réalisation d’une anesthésie, locale étendue par auto-injections ou régionale par un tiers afin de pouvoir conserver leurs facultés opératoires. En 2011, des sites à sensation tels que Gurumed.org présentaient “L’automédication-extréme-l’histoire-du-chirurgien -qui-du-s’extraire-sa-propre-appendice”. En 1961, Leonid Rogozov chirurgien dans une base russe en Antarctique, seul médecin sur la base, pratiqua l’exérèse de son appendice après infiltration des plans abdominaux avec de la procaïne. Cette auto-intervention fut rapportée en 2009 par son fils, médecin anesthésiste, dans le British Médical Journal.
Le Huffingtonpost.fr et LeMonde.fr rapportèrent en 2013 les « expériences-dangereuses-des scientifiques-qui risquent-leur-vie » à partir d’un fait identique mais plus ancien. Le Dr Kane, un chirurgien pratiquant au début du XXème siècle en Pennsylvanie, décida le 16 février 1921 de s’opérer lui-méme de l’appendicite en s’injectant un mélange de cocaïne et d’adrénaline dans la paroi abdominale. Cette expérience fut annoncée à l’époque dans le New-York Times.
Avant l’avènement d’internet, la relation dans la littérature médicale du siècle dernier, de ce type d’expérience est extrémement rare.
L’article de référence, illustré de photographies, figure dans la Presse Médicale du 23 septembre 1909. Alexandre Fzaicou, à Jassy, en Roumanie, décrit son auto-opération de hernie sous rachi-strychno-stovainisation. Le choix du mode d’anesthésie retenu ne surprend pas, dans ce pays où l’influence de Jonnesco était en grande expansion. L’auteur décrit avec de nombreux détails la technique de rachianesthésie, la méthode chirurgicale et surtout son vécu de toutes les étapes opératoires.
Trois ans plus tard, dans la méme Presse Médicale, Reclus rapporte l’existence de quatre cas en France non publiés, dont deux interventions mineures sous anesthésie locale, une cure d’hydrocèle sous locale étendue par Sahib et une auto-opération de hernie par Fontan lui-méme, avec infiltration régionale de cocaïne. Il exprime un avis très critique sur le choix de la rachianesthésie, estimant la « méthode française » d’infiltration (dite « à la Reclus ») largement préférable et plus sécuritaire. Quant à l’appréciation de la méthode : « L’autotomie bénévole restera d’exception ; il n’y a pas à craindre que l’exemple ne devienne contagieux ! »