Club de l'Histoire de l'Anesthésie et de la Réanimation

Bouisson Etienne-Frédéric

VIE ET CARRInbsp;?RE
BOUISSON naquit à Mauguio près de Montpellier le 14 juin 1813
dans une famille qui comptait 11 enfants. A 16 ans, il entre à la
Faculté de Médecine où il fait ses études. En 1834 il devient chef
de travaux dnbsp;??anatomie. En 1836, il se présente avec succès au concours
dnbsp;??agrégation. Ambitieux et impatient, il décide de brûler les étapes,
et dnbsp;??abord dnbsp;??être titularisé professeur. En 1837 une occasion se présente
à Strasbourg où la chaire de physiologie vient dnbsp;??être déclarée vacante :

  • nbsp;??Vous venez, jeune homme, prendre une leçon dnbsp;??anatomie ?nbsp;?
  • nbsp;??Non, monsieur, je viens vous la donner !nbsp;? [8].
    Fière réponse dnbsp;??un garçon de 24 ans dont lnbsp;??allure juvénile ne laisse
    évidemment pas supposer qunbsp;??il a déjà emporté, lnbsp;??année précédente,
    lnbsp;??agrégation de chirurgie. Sûr de lui il se présente et enlève le poste.
    Mais il garde un nbsp;?il sur son cher Montpellier et, lorsque, en 1838,
    la mort dnbsp;??Antoine-Léon DUGnbsp;?S [1797-1838] libère la chaire de
    pathologie chirurgicale, dédoublée à cette occasion en chaires
    dnbsp;??Opérations et Appareils et de Pathologie Externe, se présente et
    obtient cette dernière chaire à lnbsp;??âge de 27 ans.
    Comme chirurgien il séduit les étudiants par son éloquence et la
    précision du geste opératoire. Ses patients - car il exerce la chirurgie
    avec succès - rendent hommage à sa bonté autant qunbsp;??à son habileté.
    En conséquence, son ascension est régulière, facile. En 1845,
    il demande une mutation et obtient la chaire de Clinique Chirurgicale
    après le départ du professeur Claude-François LALLEMAND
    [1790-1853]. Du même coup, il prend le titre de chirurgien en chef
    de lnbsp;??Hôtel-Dieu Saint-nbsp;?loi. Il entre ainsi dans le cadre hospitalier
    universitaire [1] nbsp;?
    Dans le même temps, il écrit, faisant bénéficier la chirurgie de ses travaux.
    nbsp;? Les honneurs ne lui font pas non plus défaut (membre correspondant
    de lnbsp;??Institut, associé national de lnbsp;??Académie de médecine, officier
    de la Légion dnbsp;??honneur). nbsp;?
    En 1868, il est élu doyen. Ses réalisations en tant que doyen furent
    marquantes : il restructure la maternité et réorganise la pharmacie centrale,
    crée une chaire dnbsp;??Histologie et dnbsp;??Anatomie pathologique, instaure
    un enseignement dnbsp;??Histoire de la médecine, améliore les laboratoires,
    fait construire un pavillon anatomique, crée une salle dnbsp;??archives,
    agrandit la bibliothèque, à laquelle il fait un don de cinq cents volumes,
    et édifie de nouveaux locaux. Il est le promoteur de journaux médicaux
    comme le Montpellier Médical [9].
    Au sommet de la gloire médicale, BOUISSON est élu député à lnbsp;??Assemblée
    Nationale en 1871. Parvenu près du pouvoir central, il se bat avec
    ardeur pour sa ville. On lui doit le transfert à Montpellier de lnbsp;??Ecole
    Nationale dnbsp;??Agriculture et la réinstallation de la Faculté de Droit. Il fait
    réformer le Service de santé militaire. En 1873 il est nommé recteur de
    lnbsp;??Académie (Figure 1). nbsp;? En 1878 il est désavoué par ses collègues de
    la Faculté qui, excédés par son autoritarisme, aggravé par lnbsp;??âge, lnbsp;??obligent
    à démissionner. Triste fin de parcours pour ce maître habitué à tout
    régenter. Il ne tint pourtant pas rigueur à la Faculté de cet affront moral,
    son testament témoignant de sa magnanimité. Dépouillé de son décanat et
    des responsabilités publiques, il se réfugie dans son château de Grammont
    où il meurt le 26 mai 1884 à âge de 71 ans [5]. …
    nbsp;??Faire bien, snbsp;??estimer peunbsp;? Telle était la devise du professeur
    BOUISSON, devise gravée sur le tombeau où il repose avec sa
    femme, à Grammont [9].
    1. BONNET H. : La Faculté de Médecine de Montpellier. Huit siècles dnbsp;??Histoire
    et dnbsp;??Eclat. Montpellier, Sauramps Médical, 1992 ; 284-290.
    5. CHAVERNAC F. : nbsp;?uvres de E.F. Bouisson.12 vols. Biographie médicale,
    Montpellier, 1903.
    8. FRANCK L. : Un bienfaiteur de la Faculté de médecine : nbsp;?-F Bouisson. In
    La médecine à Montpellier du 12e au 20e siècle. Sous la direction de L.
    Dulieu. Paris, Hervas, 1990 ; 217-219.
    9. GRANEL F. : E.-F. Bouisson. Pages médico-historiques montpelliéraines,
    Montpellier, 1964.
    Extraits de l’article de G. Androutsos : Etienne-Frédéric Bouisson [1813-1884] et le traitement chirurgical de lnbsp;??hypospadias. Progrès en Urologie (2005), 15, 108-111)