Club de l'Histoire de l'Anesthésie et de la Réanimation

Le Musée d’Anesthésie et des Techniques Médico-Chirurgicales de Franche-Comté

Neidhardt Alain , Audion-Neidhardt Monique

  mise en ligne : lundi 24 mars 2008




Il est né de plusieurs préoccupations, passées, présentes et futures
- du naturel conservateur d’un futur retraité
- du désir de sauver de l’oubli des prototypes originaux,
- de la recherche d’une forme amicale de contact ultérieur avec la discipline.

Une opportunité se présentait pour son implantation : la libération d’un site doublement historique : le service « Saint Joseph » de l’hôpital Saint Jacques au centre-ville, où avait eu lieu le 31 janvier 1847 la première anesthésie à l’éther sous l’égide du professeur J. V. Corbet et de Monsieur Petey, dentiste renommé. Les salles principales sont recouvertes des coupoles semi-élliptiques de l’architecte A. Walter.

En concertation étroite avec l’Administration Générale du C.H.U., les Statuts de l’ « Association du Muséum d’Anesthésie et des Techniques Médico-Chirurgicales » furent déposés en préfecture du Doubs le 2 Aoà »t 2000 et publiés au Journal Officiel le 17 du méme mois. Les Statuts prévoient, outre la fonction de conservation du patrimoine technologique, celles d’enseignement, de recherche et son insertion dans un réseau de Musées Médicaux.

En octobre 2000, le Conseil d’Administration du C.H.U. donnait son accord pour la domiciliation de l’Association en ses murs.
Le 3 Décembre 2001 l’inauguration avait lieu en présence de Monsieur le Maire de Besançon.

Comment se déroule la visite :

Lorsque vous vous trouvez place Saint Jacques, faites face à la grille façonnée par Nicolas Chappuis et portant haut la maxime « Tibi derelictus est pauper . Orphano tu eris adjutor ». Franchissez le porche et pénétrez dans le cloître : au fond à droite, derrière la statue de Saint Jacques, se trouve la vieille Pharmacie dont la porte est dominée par le Saint Père au geste protecteur. Elle vaut la visite .
Le Muséum d’Anesthésie et des Techniques Médico-Chirurgicales est à l’étage sus-jacent.
Dans l’angle de gauche du cloître, une porte donne accès à un escalier majestueux aux marches plaisantes à monter. Vous parvenez ainsi à l’étage supérieur, face à la chapelle qui servait à l’Office destiné aux malades des quatre anciennes salles se croisant en ce lieu.
Faisant face à la chapelle se trouve l’entrée du Muséum. Un ancien bloc opératoire installé dans la Salle Saint Joseph, lui donne asile.
250 appareils ou instruments dignes d’intérét ont été admis à conservation.

Qu’y voit-on ?

Dans la Salle IV sont groupés les instruments se rapportant au développement de l’anesthésie par inhalation, au maintien de la liberté des voies aériennes, à l’analgésie et à la curarisation. Ainsi sont présentés les masques autorisant l’anesthésie « à la compresse », de Schimmelbush, Yankauer   et Demarquay, des masques plus élaborés de Legendre et Nicloux. On peut voir des évaporateurs de vinether, de trilène ; des appareils suivant le concept d’Ombrédane (1905).
Un autre présentoir contient des éléments propres à la curarisation allant des molécules elle-mémes jusqu’à la sarbacane bolivienne, en passant par le monitorage.

La Salle II, ancien bloc opératoire, devrait étre en elle-méme classée au titre du patrimoine technologique médical puisque pourvue d’une coupole semi-elliptique ovoïde réfléchissante permettant l’éclairage du champ opératoire suivant le principe de André Walter (1935). On y retrouvera, en voie de reconstitution, les conditions médico-chirurgicales présidant à une intervention sous anesthésie générale.
On peut y voir un appareil original, le « circuit bisontin », prototype de la « Maison » ayant servi dans les années 1980. Il est équipé d’une pompe informatisée permettant l’injection des anesthésiques volatils à l’état liquide et répondant au principe de l’anesthésie en circuit fermé.
Deux générateurs d’anesthésie électrique (1979) sont présentés, l’un fournit le courant Leduc, les deux autres, d’origine soviétique, un courant interférentiel.

Salle III, sont présentés des appareils d’évaporation des anesthésiques volatils dont un prototype d’évaporation de desflurane, doté d’un système d’entretien automatique de la concentration alvéolaire (1995) ; des appareils d’anesthésie pour « situations d’exception » :le circuit « K » de deuxième génération (1990) et l’appareil « Fluoxair » Cyprane à fluothane (1965).

Dans une vitrine, une reconstitution de l’appareil de Joseph Frédéric Benoît Charrière, rappelle les conditions de réalisation de la première anesthésie générale effectuée à Besançon sous l’égide du Professeur V. Corbet le 31 Janvier 1847.

Des tubes de Croockes et Coolidge ayant équipé le Service de Radiologie du Docteur Cottet, au début du siècle dernier et d’autres témoignages de techniques médicales peuvent étre déjà jugés antiques ! Ils voisinent avec des électroscopes de Curie qui purent trouver une application médicale.

On peut voir au passage, dans les vitrines des couloirs, du matériel de « petite chirurgie », d’Urologie, de surveillance hémodynamique dont le « strasburger tonometer » de Recklinghausen (1890), le pulsographe de Jacquet (1890) , d’endoscopie trachéo-bronchique. Dans le méme lieu sont présentés une nacelle de transport de nouveau-né (1930), un appareil d’anesthésie en conditions difficiles (« Circuit K » de première génération) ,un appareil d’ Engstrà¶m rappelant l’épidémie de poliomyélite antérieure aiguà« de 1952. le scaphandre autonome de Drà¤ger BG 174, pourvu d’un circuit fermé, pour sauvetage en atmosphère hostile, utilisé en 1985 lors de l’accident du puits Simon dans les Houillères du Bassin de Lorraine.

A l’étage supérieur, autrefois réservé aux étudiants curieux de voir à travers d’étroits hublots le déroulement de l’intervention sous-jacente, une collection d’appareils d’anesthésie et de réanimation ventilatoire comprenant plusieurs prototypes originaux : Un ventilateur à poumons séparés (1980), très utilisé dans la chirurgie oesophagienne, un respirateur « Eole 2 »(1990) converti en appareil d’anesthésie en circuit fermé, un prototype de « jet ventilation » à haute fréquence (1980), ayant servi en chirurgie O.R.L..

Ce Muséum est bien entendu l’affaire de tous ! On peut le visiter tous les premiers jeudi du mois après en avoir manifesté le désir auprès du secrétariat du département d’Anesthésie de l’hôpital Saint Jacques (03.81.21.90.14 ou, intra-muros, :19014) mieux encore, on peut participer à son évolution en l’enrichissant de quelques curiosités historiques supplémentaires ou encore en faisant partie des membres de l’Association !


Commentaire :
le musée est toujours ouvert à la visite en 2016 avec un accueil des plus enthousiastes.
Une réunion du Club D’Histoire de l’Anesthésie CHAR y a eu lieu en Avril 2015, prémice heureux à d’autres futures réunions "décentralisées".
A défaut de pouvoir s’y déplacer, on consultera avec plaisir une revue régionale riche en images, " L’esprit comtois", n° 4, publiée au printemps 2016 ; un article important est consacré à l’hopital St Jacques. Ici aussi, la partie "musée" y est présentée par Alain Neidhardt.

J.Hotton , décembre 2016.